« On est mieux à la maison ! »
Après 4 ans passés en centre de rééducation Philippe Casteret retrouve la vie à domicile. Il est accueilli par son frère et sa belle-sœur qui ont fait transformer pour lui leur chambre d’amis. Il nous raconte son « mieux être ».
Pour ma part, tout est mieux quand on y a goûté, on n’a plus envie de retourner dans un établissement.
Partager la chambre avec un inconnu, quand c’est un vieux, il y a de
grandes chances pour qu’il ronfle (des jeunes aussi !!). Et on en prend
pour longtemps.
La nourriture s’en ressent, c’est autre chose que les purées de légumes
en boîte (les raviolis aussi, et puis tout le reste), rien de comparable
avec les bons plats préparés à la maison. Je tousse également beaucoup
moins, je ne mange pas avec un « lance-pierre », je suis le seul à faire
manger, alors que là-bas… Et la communication si importante chez un LIS
: combien de fois j’ai entendu « on revient », et puis bien sûr
personne ne revenait ! Alors qu’à la maison, il y a une personne à
disposition (auxiliaire de vie) en permanence pour m’écouter. Même chose
pour les jambes qui traînent au sol, quand j’ai toussé. Souvent, je
passais près des gens, en espérant me les faire remettre en place. Mais
rien !! Je me disais « mais ils ont de la merde dans les yeux ou quoi !!
» Maintenant, elles sont remises tout de suite en place. Je suis le
seul dont on doit s’occuper.
Et la toilette où il manque cruellement de personnel, et qui est faite à
la « va-vite ». Rien que le rasage, j’étais souvent tailladé avec le
manuel, alors qu’avant j’utilisais le rasoir électrique, tout est
toujours fait pour gagner du temps. Et aussi certaines personnes qui ne
me mettaient pas de déodorant, l’hiver passe encore mais l’été quand on
est dans le sud de la France !!… (j’étais à Marseille).
Et les dents : il fallait que je « tombe » sur une personne qui me
comprenne pour me les faire brosser, sinon niet ! Je devais compter sur
mes proches : depuis j’ai une carie. Dorénavant, je n’ai plus ce genre
de problème.
Et les horaires : l’autre soir, j’ai été couché à 2 H du matin, au lieu de 17 H au centre de rééducation.
Et tout ce qu’on ne verra pas dans un établissement, comme simplement un
feu de bois dans une cheminée, etc… A la maison, on peut décorer sa
chambre comme on veut, et ne pas avoir peur de se faire voler par
exemple l’ordinateur portable si on l’y laisse.
Et pour la tête, cela fait du bien de voir des gens normaux plutôt que
toute la journée des gens en fauteuil roulant. Et puis on est mieux en
famille, qu’entre les mains du personnel médical. Et je garde le
meilleur pour la fin : pour les selles, nous avions bien sûr des
protections, donc je me faisais dessus. Alors qu’ici, même si je n’ai
pas de WC aménagé, j’utilise un bassin au lit ».
Pour toutes ces raisons, je n’a plus envie de retourner dans un établissement.
Philippe Casteret
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