Wassim et Lydia, la vie plus forte que tout

Comme beaucoup d’histoire de LIS, celle de Wassim et Lydia raconte l’extraordinaire force de caractère d’un jeune homme et de sa maman pour surmonter les problèmes et renouer avec une vie, si ce n’est normale, un peu apaisée.

Comme beaucoup de méditerranéens, Lydia parle vite avec enthousiasme et passion. Son apparente sérénité cache avec pudeur la pugnacité dont elle a fait preuve dans son combat pour son fils, renversé à Paris un triste jour de janvier 2015.

Spécialiste en médecine interne, Lydia n’avait jamais imaginé une vie en France. « A l’appel de la réanimation de l’hôpital parisien, j’ai tout lâché d’une vie heureuse à Alger : deux enfants, l’un à peine ado, l’autre tout juste cinq ans, mon cabinet et mes patients, pour me rendre en moins de 24h auprès de mon fils aîné dans le coma ».

Est-ce parce qu’elle est médecin ? Est-ce parce que les réanimateurs ont séché les cours d’accompagnement psychologique ? Toujours est-il qu’après une semaine d’horreur et de doute durant laquelle elle peut à peine voir son fils, on explique à Lydia qu’avec son IRM fonctionnelle, Wassim se situe dans la zone d’incertitude qui rend impossible l’espoir qu’il se réveille un jour et que la recommandation dans son cas serait de le… “débrancher“.

Malgré la tentation de se jeter sous les rails du métro, Lydia entame un parcours du combattant kafkaïen. Ce n’est que bien plus tard qu’elle apprendra que Wassim avait déjà ouvert les yeux en février et qu’il était donc stimulable. Elle découvrira en conséquence cette pathologie inconnue en Algérie : le LIS. Elle acceptera stoïquement les excuses du réanimateur qui reconnaîtra les erreurs dans son compte-rendu. Elle se réjouira du transfert de Wassim à Lariboisière où il bénéficiera d’un excellent service de rééducation, qui honore la médecine française.

La machine administrative

A cela s’ajoutent les tracas de la machine administrative hexagonale. A commencer par le statut de son fils qui passe d’étudiant brillant dans une grand école française à celui de patient LIS, perdant de facto couverture sociale et permis de séjour, obligeant Lydia pendant des années, à se rendre tous les trois mois en préfecture pour le renouveler.

Accepter aussi le fait que son diplôme de médecin en Algérie et ses vingt-cinq années de pratique ne lui permettent pas d’exercer en France sauf à passer un concours où 2 000 candidats se disputent 50 places pour travailler dans le public avec un salaire d’interne débutant et des attributions limitées (hormis durant la période Covid où l’on avait besoin de toutes les forces vives !). Dans l’attente d’être reconnue par le conseil de l’ordre français, Lydia exerce aujourd’hui au sein d’un service de gériatrie dans un hôpital public de banlieue.

Comprendre enfin que son mariage n’était pas taillé pour ce type d’épreuve et qu’elle va devoir s’installer durablement en France avec ses trois garçons, ne pouvant compter temporairement que sur l’aide de sa propre famille qui l’héberge et la nourrit.

Rentrer dans les cases

Se battre aussi pour obtenir la condamnation du chauffard qui a renversé son fils et obtenir au bout de 5 ans une indemnisation lui permettant d’offrir un logement adapté où ils résident désormais avec Wassim et son petit frère.

« La France est un pays extraordinaire mais qui a beaucoup de mal avec ceux qui ne rentrent pas dans les cases » soutient Lydia. « Le parcours est semé d’embûches que seul des gens formidables vous aident à dépasser. Comme ces deux médecins algériennes qui m’ont poussée à reprendre des études me permettant de trouver un poste en Ehpad ; mon chef de service qui a accepté d’adapter mes horaires ; les amis étudiants de Wassim, toujours présents tout comme Celia, sa merveilleuse petit amie qui vit en Allemagne mais ne rate jamais une occasion de venir le voir »

Malgré la tristesse de l’éloignement de son fils cadet après son divorce, en raison de la culture algérienne machiste, Lydia adhère à 100 % au dicton musulman qui dit que lorsque Dieu ferme une porte, il en ouvre toujours une autre. « Je suis aujourd’hui tellement fière de Wassim qui se bat comme un diable à chaque instant de sa vie. Une vie dont il a réussi à dire à son petit frère qu’elle méritait d’être vécue ! Et petit à petit, la vie lui donne raison. Les premiers tests de tablette numérique à commande oculaire sont plus qu’encourageants, avec la perspective d’une nouvelle voie de communication, en complément de celle qui nous lie depuis toujours ; celle du cœur. »

Lydia Berrahmoune
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